24 octobre, 2006

à Vina

J'ai lu plusieurs fois ton mail et ai voulu prendre le temps pour y répondre.
Je ne suis pas psy (même si aujourd'hui je réorganise ma vie pour le devenir) et ce que j'ai envie de te dire n'a que la valeur d'une discussion entre femmes ayant vécu le même calvaire. Rien de plus, rien de moins.

J'ai lu beaucoup de détresse dans ton commentaire (post précédent), beaucoup de questions, de remise en question de ce que tu es, de peur, de doutes, et de souffrance.
Je m'y suis reconnu aussi, dans ce déluge de questions, d'anecdotes...

Tout d'abord je tenais à te dire que la douleur que l'on ressent ne s'évalue pas en fonction de celle des autres même si parfois cela aide à relativiser. Tu souffres et tu en as le droit !

Tu es aujourd'hui dans la phase des questions : ai je fait quelque chose de mal ? le problême vient il de moi ? suis je si nulle ? est il véritablement pervers ou est ce que j'exagère ? que faire ?
Pour cela, tu ressasses sans cesse les mêmes épisodes, les mêmes mots qu'il t'a dit, décortiques ses réactions.

Cette phase nous y sommes toutes et tous passé. c'est une phase extrèmement douloureuse car elle fait naitre bien souvent la culpabilité et surtout la confusion.

En te lisant je comprends que tu es une personne généreuse, avec une merveilleuse conception de l'amour ("Pour moi aimer signifiait être là pour l'autre et vouloir son bonheur, fusse-t-il avec une autre. Aimer ce n'est pas s'approprier quelqu'un. Au nom de cette idée j'étais prête à me sacrifier pour lui... ") et c'est pour cela qu'il t'a choisi !! parce que tu es "une belle personne" qui possède justement ce qu'il n'a pas : la capacité à aimer....le plus cadeau de la vie....

Je ne sais combien de temps cette phase de questions doit durer pour que tu passes à ta reconstruction. Pour moi elle a duré très longtemps, trop longtemps et m'a handicapée dans mes relations, m'a fait passé à côté d'un homme merveilleux, m'a paralysé dans mes projets de vie, de travail.....
je ne peux que t'exhorter à ne pas chercher. Comment comprendre un PN ?! Cela est impossible pour nous qui sommes son opposé.

Tu dois fuir et tu as déjà commencé. Jamais il ne s'excusera, jamais il ne se rendra compte de ce qu'il a fait, il ne le peut pas ce Monstre.
Tu dois couper les ponts (je sais c'est plus facile à dire qu'à faire) et t'occuper de toi. Fais toi confiance, tu pourras à nouveau faire des projets avec quelqu'un qui en vaudra la peine je n'en doute pas.

La parole est libératoire et l'écriture l'a été pour moi, elle peut l'être pour toi et tu as eu raison d'en parler ici.

Prends soin de toi et n'oublie jamais que si cet homme a pu te faire du mal c'est parce que tu es quelqu'un de "riche", quelqu'un de généreux, quelqu'un de bien.

21 octobre, 2006

Pervers narcissique :"Définition longue et détaillée de mme hirigoyen"

Je reporte ici un témoignage très intéressant reprenant le livre de mde Hirigoyen
J'ai trouvé cette analyse sur le forum teemix : http://teemix.aufeminin.com/world/communaute/forum/forum2.asp?forum=psycho1&m=51384&whichpage=1#550562

Merci à Labyne pour cette très claire analyse.


"Définition longue et détaillée de mme hirigoyen"
Envoyé par labyne le 20 mars 2006 à 13:15

"Le bourreau ou "pervers narcissique" suivant la pathologie dressée par Mme Hirigoyen, peut être un homme ou une femme ; la violence morale n'est pas l'apanage des seuls hommes, bon nombre de femmes sont des tyrans domestiques ; les médias donnent trop souvent l'impression que les harceleurs sont tous des hommes et nous devons bannir ce jugement erroné, les hommes victimes ont tout simplement plus de mal à parler de leurs souffrances.
Quel que soit son sexe, son âge, sa nationalité, le bourreau a toujours le même
comportement, il vampirise sa victime, buvant son énergie vitale. On peut mettre des années avant de se rendre compte du processus de destruction mis en place. Au commencement il peut n'y avoir que des petites brimades, des phrases anodines mais méprisantes, pleines de sous entendus blessants, avilissants, voir violents, c'est la répétition constante de ces actes qui rend l'agression évidente. Souvent un incident vient déclencher la crise qui amène l'agresseur à dévoiler son piège ; en règle générale, c'est la prise de conscience de la victime, et ses sursauts de révolte, qui vont déclencher le processus de mise à mort : car il peut y avoir véritable mise à mort psychique, où l'agresseur n'hésitera pas à employer tous les moyens pour parvenir à ces fins: anéantir sa proie.
Le "pervers narcissique" est une personne totalement dépourvue d'empathie, qui n'éprouve aucun respect pour les autres, qu'il considère comme des objets utiles à ses besoins de pouvoir, d'autorité. Il a besoin d'écraser pour exister : et la proie rêvée reste l'enfant fragile et malléable, avec sa confiance illimitée et sa soif d'amour et de reconnaissance.
Le bourreau ne possède pas de personnalité propre, elle est forgée sur des masques dont il change suivant les besoins, passant de séducteur paré de toutes les qualités, à celui de victime faible et innocente, ne gardant son véritable visage de démon que pour sa victime. Et encore peut il jouer avec elle au chat et à la souris, faisant patte de velours pour mieux la tenir, puis sortant ses griffes lorsqu'elle cherche à s'évader.
Ce sont souvent des êtres doués d'une intelligence machiavélique, leur permettant d'élaborer des pièges très subtils.
Ils culpabilisent à outrance leur proie, ne supportent pas d'avoir tort, sont incapables de discussions ouvertes et constructives ; ils bafouent ouvertement leur victime, n'hésitant pas à la dénigrer, à l'insulter autant que possible sans témoins, sinon ils s'y prennent avec subtilité, par allusions, tout aussi destructrices, mais invisibles aux regards non avertis.
Méfions-nous de son apparence séduisante. Le pervers narcissique est un vampire, sans affect, qui aspire la substance vitale de sa victime jusqu'à l'anéantir.
Un Narcisse, au sens du Narcisse d'Ovide, est quelqu'un qui croit se trouver en se regardant dans le miroir. Sa vie consiste à chercher son reflet dans le regard des autres. L'autre n'existe pas en tant qu'individu mais en tant que miroir. Un Narcisse est une coque vide qui n'a pas d'existence propre ; c'est un pseudo, qui cherche à faire illusion pour masquer son vide. Son destin est une tentative pour éviter la mort. C'est quelqu'un qui n'a jamais été reconnu comme un être humain et qui a été obligé de se construire un jeu de miroirs pour se donner l'illusion d'exister. Comme un kaléidoscope, ce jeu de miroirs a beau se répéter et se multiplier, cet individu reste construit sur du vide.
Le Narcisse, n'ayant pas de substance, va se brancher sur l'autre et, comme une sangsue, essayer d'aspirer sa vie. Etant incapable de relation véritable, il ne peut le faire que dans un registre pervers, de malignité destructrice. Incontestablement, les pervers ressentent une jouissance extrême, vitale, à la souffrance de l'autre et à ses doutes, comme ils prennent plaisir à asservir l'autre et à l'humilier. Tout commence et s'explique par le Narcisse vide, construction en reflet, à la place de lui-même et rien à l'intérieur, de la même manière qu'un robot est construit pour imiter la vie, avoir toutes les apparences ou toutes les performances de la vie, sans la vie. Le dérèglement sexuel ou la méchanceté ne sont que les conséquences inéluctables de cette structure vide. Comme les vampires, le Narcisse vide a besoin de se nourrir de la substance de l'autre. Quand il n'y a pas la vie, il faut tenter de se l'approprier ou, si c'est impossible, la détruire pour qu'il n'y ait de vie nulle part.
Les pervers narcissiques sont envahis par un autre dont ils ne peuvent se passer. Cet autre n'est même pas un double, qui aurait une existence, seulement un reflet d'eux-mêmes. D'où la sensation qu'ont les victimes d'être niées dans leur individualité. La victime n'est pas un individu autre, mais seulement un reflet. Toute situation qui remettrait en question ce système de miroirs, masquant le vide, ne peut qu'entraîner une réaction en chaîne de fureur destructrice. Les pervers narcissiques ne sont que des machines à reflets qui cherchent en vain leur image dans le miroir des autres.
Ils sont insensibles, sans affect. Comment une machine à reflets pourrait-elle être sensible? De cette façon, ils ne souffrent pas. Souffrir suppose une chair, une existence. Ils n'ont pas d'histoire puisqu'ils sont absents. Seuls des êtres présents au monde peuvent avoir une histoire. Si les pervers narcissiques se rendaient compte de leur souffrance, quelque chose commencerait pour eux. Mais ce serait quelque chose d'autre, la fin de leur précédent fonctionnement. Les pervers narcissiques sont des individus mégalomanes qui se posent comme référents, comme étalon du bien et du mal, de la vérité. On leur attribue souvent un air moralisateur, supérieur, distant. Même s'ils ne disent rien, l'autre se sent pris en faute. Ils mettent en avant leurs valeurs morales irréprochables qui donnent le change et une bonne image d'eux-mêmes. Ils dénoncent la malveillance humaine. Ils présentent une absence totale d'intérêt et d'empathie pour les autres, mais ils souhaitent que les autres s'intéressent à eux. Tout leur est dû. Ils critiquent tout le monde, n'admettent aucune mise en cause et aucun reproche. Face à ce monde de pouvoir, la victime est forcément dans un monde de failles. Montrer celles des autres est une façon de ne pas voir ses propres failles, de se défendre contre une angoisse d'ordre psychotique. Les pervers entrent en relation avec les autres pour les séduire. On les décrit souvent comme des personnes séduisantes et brillantes. Une fois le poisson attrapé, il faut seulement le maintenir accroché tant qu'on en a besoin. Autrui n'existe pas, il n'est pas vu, pas entendu, il est seulement utile. Dans la logique perverse, il n'existe pas de notion de respect de l'autre.
La séduction perverse ne comporte aucune affectivité, car le principe même du fonctionnement pervers est d'éviter tout affect. Le but est de ne pas avoir de surprise. Les pervers ne s'intéressent pas aux émotions complexes des autres. Ils sont imperméables à l'autre et à sa différence, sauf s'ils ont le sentiment que cette différence peut les déranger. C'est le déni total de l'identité de l'autre, dont l'attitude et les pensées doivent être conformes à l'image qu'ils se font du monde.
La force des pervers est leur insensibilité. Ils ne connaissent aucun scrupule d'ordre moral. Ils ne souffrent pas. Ils attaquent en toute impunité car même si, en retour, les partenaires utilisent des défenses perverses, ils ont été choisis pour n'atteindre jamais à la virtuosité qui les protégerait.
Les pervers peuvent se passionner pour une personne, une activité ou une idée, mais ces flambées restent très superficielles. Ils ignorent les véritables sentiments, en particulier les sentiments de tristesse ou de deuil. Les déceptions entraînent chez eux de la colère ou du ressentiment avec un désir de revanche. Cela explique la rage destructrice qui s'empare d'eux lors des séparations. Quand un pervers perçoit une blessure narcissique (défaite, rejet), il ressent un désir illimité d'obtenir une revanche. Ce n'est pas, comme chez un individu coléreux, une réaction passagère et brouillonne, c'est une rancune inflexible à laquelle le pervers applique toutes ses capacités de raisonnement.
Les pervers, tout comme les paranoïaques, maintiennent une distance affective suffisante pour ne pas s'engager vraiment. L'efficacité de leurs attaques tient au fait que la victime ou l'observateur extérieur n'imaginent pas qu'on puisse être à ce point dépourvu de sollicitude ou de compassion devant la souffrance de l'autre.
Le partenaire n'existe pas en tant que personne mais en tant que support d'une qualité que les pervers essaient de s'approprier. Les pervers se nourrissent de l'énergie de ceux qui subissent leur charme. Ils tentent de s'approprier le narcissisme gratifiant de l'autre en envahissant son territoire psychique. Le problème du pervers narcissique est de remédier à son vide. Pour ne pas avoir à affronter ce vide (ce qui serait sa guérison), le Narcisse se projette dans son contraire. Il devient pervers au sens premier du terme: il se détourne de son vide (alors que le non pervers affronte ce vide). D'où son amour et sa haine pour une personnalité maternelle, la figure la plus explicite de la vie interne. Le Narcisse a besoin de la chair et de la substance de l'autre pour se remplir. Mais il est incapable de se nourrir de cette substance charnelle, car il ne dispose même pas d'un début de substance qui lui permettrait d'accueillir, d'accrocher et de faire sienne la substance de l'autre. Cette substance devient son dangereux ennemi, parce qu'elle le révèle vide à lui-même.
Les pervers narcissiques ressentent une envie très intense à l'égard de ceux qui semblent posséder les choses qu'ils n'ont pas ou qui simplement tirent plaisir de leur vie. L'appropriation peut être sociale, par exemple séduire un partenaire qui vous introduit dans un milieu social que l'on envie: haute bourgeoisie, milieu intellectuel ou artistique... Le bénéfice de cette opération est de posséder un partenaire qui permet d'accéder au pouvoir. Ils s'attaquent ensuite à l'estime de soi, à la confiance en soi chez l'autre, pour augmenter leur propre valeur. Ils s'approprient le narcissisme de l'autre.
Pour des raisons qui tiennent à leur histoire dans les premiers stades de la vie, les pervers n'ont pas pu se réaliser. Ils observent avec envie que d'autres individus ont ce qu'il faut pour se réaliser. Passant à côté d'eux-mêmes, ils essaient de détruire le bonheur qui passe près d'eux. Prisonniers de la rigidité de leurs défenses, ils tentent de détruire la liberté. Ne pouvant jouir pleinement de leur corps, ils essaient d'empêcher la jouissance du corps des autres, même chez leurs propres enfants. Etant incapables d'aimer, ils essaient de détruire par cynisme la simplicité d'une relation naturelle.
Pour s'accepter, les pervers narcissiques doivent triompher et détruire quelqu'un d'autre en se sentant supérieurs. Ils jouissent de la souffrance des autres. Pour s'affirmer, ils doivent détruire.
Il y a chez eux une exacerbation de la fonction critique qui fait qu'ils passent leur temps à critiquer tout et tout le monde. De cette façon, ils se maintiennent dans la toute-puissance :
Si les autres sont nuls, je suis forcément meilleur qu'eux.
Le moteur du noyau pervers, c'est l'envie, le but de l'appropriation. L'envie est un sentiment de convoitise, d'irritation haineuse à la vue du bonheur, des avantages d'autrui. Il s'agit d'une mentalité d'emblée agressive qui se fonde sur la perception de ce que l'autre possède et dont on est dépourvu. Cette perception est subjective, elle peut même être délirante. L'envie comporte deux pôles : l'égocentrisme d'une part et la malveillance, avec l'envie de nuire à la personne enviée, d'autre part. Cela présuppose un sentiment d'infériorité vis-à-vis de cette personne, qui possède ce qui est convoité. L'envieux regrette de voir l'autre posséder des biens matériels ou moraux, mais il est plus désireux de les détruire que de les acquérir. S'il les détenait, il ne saurait pas quoi en faire. Il ne dispose pas de ressources pour cela. Pour combler l'écart qui sépare l'envieux de l'objet de sa convoitise, il suffit d'humilier l'autre, de l'avilir.
Ce que les pervers envient, avant tout, c'est la vie chez l'autre. Ils envient la réussite des autres, qui les met face à leur propre sentiment d'échec, car ils ne sont pas plus contents des autres qu'ils ne le sont d'eux-mêmes; rien ne va jamais, tout est compliqué, tout est une épreuve. Ils imposent aux autres leur vision péjorative du monde et leur insatisfaction chronique concernant la vie. Ils cassent tout enthousiasme autour d'eux, cherchent avant tout à démontrer que le monde est mauvais, que les autres sont mauvais, que le partenaire est mauvais. Par leur pessimisme, ils entraînent l'autre dans un registre dépressif pour, ensuite, le lui reprocher.
Le désir de l'autre, sa vitalité, leur montre leurs propres manques. On retrouve là l'envie, commune à bien des êtres humains, du lien privilégié que la mère entretient avec son enfant. C'est pour cela qu'ils choisissent le plus souvent leurs victimes parmi des personnes pleines d'énergie et ayant goût à la vie, comme s'ils cherchaient à s'accaparer un peu de leur force. L'état d'asservissement, d'assujettissement de leur victime à l'exigence de leur désir, la dépendance qu'ils créent leur fournit des témoignages incontestables de la réalité de leur appropriation.
L'appropriation est la suite logique de l'envie.
Les biens dont il s'agit ici sont rarement des biens matériels. Ce sont des qualités morales, difficiles à voler : joie de vivre, sensibilité, qualités de communication, créativité, dons musicaux ou littéraires... Lorsque le partenaire émet une idée, les choses se passent de telle façon que l'idée émise ne reste plus la sienne mais devient celle du pervers. Si l'envieux n'était pas aveuglé par la haine, il pourrait, dans une relation d'échange, apprendre comment acquérir un peu de ces dons. Cela suppose une modestie que les pervers n'ont pas.
Les pervers narcissiques s'approprient les passions de l'autre dans la mesure où ils se passionnent pour cet autre ou, plus exactement, ils s'intéressent à cet autre dans la mesure où il est détenteur de quelque chose qui pourrait les passionner. On les voit ainsi avoir des coups de cur puis des rejets brutaux et irrémédiables. L'entourage comprend mal comment une personne peut être portée aux nues un jour puis démolie le lendemain. Les pervers absorbent l'énergie positive de ceux qui les entourent, s'en nourrissent et s'en régénèrent, puis ils se débarrassent sur eux de toute leur énergie négative.
La victime apporte énormément, mais ce n'est jamais assez. N'étant jamais contents, les pervers narcissiques sont toujours en position de victime, et la mère (ou bien l'objet sur lequel ils ont projeté leur mère) est toujours tenue pour responsable. Les pervers agressent l'autre pour sortir de la condition de victime qu'ils ont connue dans leur enfance. Dans une relation, cette attitude de victime séduit un partenaire qui veut consoler, réparer, avant de le mettre dans une position de coupable. Lors des séparations, les pervers se posent en victimes abandonnées, ce qui leur donne le beau rôle et leur permet de séduire un autre partenaire, consolateur.
Les pervers se considèrent comme irresponsables parce qu'ils n'ont pas de subjectivité véritable. Absents à eux-mêmes, ils le sont tout autant aux autres. S'ils ne sont jamais là où on les attend, s'ils ne sont jamais pris, c'est tout simplement qu'ils ne sont pas là. Au fond, quand ils accusent les autres d'être responsables de ce qui leur arrive, ils n'accusent pas, ils constatent : puisque eux-mêmes ne peuvent être responsables, il faut bien que ce soit l'autre. Rejeter la faute sur l'autre, médire de lui en le faisant passer pour mauvais permet non seulement de se défouler, mais aussi de se blanchir. Jamais responsables, jamais coupables : tout ce qui va mal est toujours de la faute des autres.
Ils se défendent par des mécanismes de projection : porter au crédit d'autrui toutes leurs difficultés et tous leurs échecs et ne pas se mettre en cause. Ils se défendent aussi par le déni de la réalité. Ils escamotent la douleur psychique qu'ils transforment en négativité. Ce déni est constant, même dans les petites choses de la vie quotidienne, même si la réalité prouve le contraire. La souffrance est exclue, le doute également. Ils doivent donc être portés par les autres. Agresser les autres est le moyen d'éviter la douleur, la peine, la dépression.
Les pervers narcissiques ont du mal à prendre des décisions dans la vie courante et ont besoin que d'autres assument les responsabilités à leur place. Ils ne sont pas autonomes, ne peuvent se passer d'autrui, ce qui les conduit à un comportement collant et à une peur de la séparation ; pourtant, ils pensent que c'est l'autre qui sollicite la sujétion. Ils refusent de voir le caractère dévorant de leur accrochage à l'autre, qui pourrait entraîner une perception négative de leur propre image. Cela explique leur violence face à un partenaire trop bienveillant ou réparateur. Si au contraire celui-ci est indépendant, il est perçu comme hostile et rejetant. "

20 octobre, 2006

COMMUNIQUER avec un Pervers Narcissique

Si pour ma part je me considère comme sortie d'affaire et que je n'ai plus besoin de me confier ici, c'est vous qui m'y ramenez.
Vos commentaires, vos mails, me donnent envie de vous apporter mon aide aussi petite soit elle, de vous soutenir comme je l'ai été moi-même.
Ici je réponds à Titouan qui s'était confié sur un précédent post et qui vient de me donner de ses nouvelles - bonnes :) -

Je n'avais rien qui me rattachait à v, ni des questions d'argent, ni un logement en commun, ni d'enfant ensemble et finalement cela a été assez "facile" de couper les ponts.
Par contre, continuer à être en relation avec un pervers narcissique à travers des enfants en commun doit être extrèmement difficile et concerne malheureusement beaucoup d'entre vous.
Ce que j'ai compris et ai pu expérimenter, peut peut-être vous aider.

"vous pouvez si vous en avez la force et le courage mettre en place des techniques de contre-manipulation telles que préconisées par Mme Nazare-aga : Faire le deuil d'une communication idéale ; établir une communication floue et superficielle consistant à ne pas s'engager**. Ces techniques permettent de désamorcer la crise et parfois de piéger l'agresseur. Il ne s'agit pas de devenir manipulateur à son tour ; contre-manipuler consiste à s'adapter à chaque instant au manipulateur pour s'en protéger, c'est épuisant, et peut entraîner des troubles psychosomatiques comme réponses à l'agression." - http://www.ajc-violence.org/pages/conseils.html -


Le plus important est de comprendre que votre interlocuteur ne CHANGERA PAS, JAMAIS.
Vous ne pourrez JAMAIS obtenir de lui une quelconque prise de conscience, des remords, des regrets, des excuses. Si par hasard, son discours le laisse penser c'est qu'il vous manipule.
La seule chose que vous pouvez faire c'est VOUS PROTEGER.

Pour cela j'ai appris à ME DETACHER de ses mots, voire même à ne pas l'écouter. J'ai passé beaucoup de temps à décortiquer le mécanisme de nos conversations : ce qu'il me disait, son ton, ses allusions, sa façon de se poser en victime et de me faire culpabiliser. J'ai du comprendre quels étaient les mécanismes qui se mettaient alors en place chez moi : sentiment d'injustice, d'incompréhension et volonté d'arriver à une compréhension mutuelle (impossible), empathie, colère, tristesse etc.
C'est à ce prix que j'ai pu le "NEUTRALISER".

Je vais vous raconter ici ma première "victoire" (après 5 ans !) C'est un peu long mais peut-être ce récit vous aidera t'il.

Les faits : (racontés dans des posts précédents datant du mois de septembre 2005 : "piqure de rappel"
- nous étions séparés (500 kms)
- il me relançait depuis des mois en m'assurant de son amour et de son désir que je le rejoigne
- Le soir même il m'envoie des sms dans ce sens
- toute la nuit j'éssaie de le joindre et lui laisse des messages pour lui dire que j'arrive
- Je prend le train au petit matin (8 heures) sans avoir pu lui parler
- J'arrive à la gare il est 10 heures, nous sommes dimanche
- je n'ai pas dormi (évidemment!)
- je suis arrivée à la gare depuis 1h30 quand il m'appelle
- il éclate en sanglots me disant qu'il n'est pas seul et me demandant de lui laisser le temps de régler ça et de venir me chercher
- je suis éffondrée mais c'est lui qui pleure et qui me demande de la compassion
- je reprend le train dans l'autre sens en me disant que "rien ne change" et en pleurant toutes les larmes de mon corps ! ;)
- il éssaie de me rappeler des 10zaines de fois, je suis sous le choc et l'envoie ballader
- Plus de nouvelles, aucun mail, aucune lettre, aucun message d'excuse
- Prise de remords (eh oui! evidemment) j'essaie de le joindre
- il me bascule sur répondeur à chaque fois
- finalement il finit par décrocher et......m'insulte !

Je sais que vous comprenez exactement de quoi je parle ! ;) (malheureusement)

ça c'était les faits pour que vous compreniez bien de quoi il s'agit.
Maintenant passons à ma "victoire"

j'étais en colère, c'est peu de le dire ! à l'entendre j'étais un monstre d'égoïsme, ce que moi j'avais pu ressentir n'avait aucune mesure avec ce que je lui avais fait !!!!!! aucune douceur dans ces mots, aucun regret, aucune EMPATHIE !!!!

Pour une fois j'ai éssayé de voir le problème dans un autre sens.
Je l'ai rappellé et au lieu d'essayer de lui démontrer mon point de vue, de chercher dans ses paroles des regrets, des excuses, des remords, de lui faire des "reproches" (LE GRAND MOT du PN) cad d'exprimer ma tristesse ;), au lieu de m'énerver ou pire de pleurer ! je suis rester de marbre à l'écouter me dire que j'étais une sale égoïste et qu'il était un pauvre garçon à qui JE faisais du mal.
En fait je m'étais préparée à cette conversation car je le connais bien. Je n'étais donc pas surprise par ces mots, je les avais déjà imaginé, je les avais désamorcés.
Je l'ai donc laissé vidé son sac en écoutant d'une oreille distraite et sans réagir quand je trouvais ça ENORME !
Il a été surpris que je ne réagisse pas comme d'habitude, s'est donc progressivement calmé et j'ai pu dire ce que j'avais à dire tout à fait calmement.
Cette conversation a marqué une véritable victoire sur moi-même car j'avais enfin compris que je pouvais ne plus donner prise à sa manipulation, j'avais fait le deuil d'une "communication idéale" et par là même de tout espoir quant à notre relation.

Pour communiquer avec un PN il faut le voir comme un Pervers Narcissique, un monstre et pas comme une personne normale, pas comme quelqu'un qui vous ressemblerait, quelqu'un qui pourrait ressentir quelque empathie.

J'ai conscience de cette difficulté d'autant plus si cette personne est le père ou la mère de vos enfants !............mais c'est ainsi

Courage et racontez ici vos "VICTOIRES" ! il y en a et il y en aura encore :)

18 octobre, 2006

Pervers narcissique : NON ce n'est pas un MYTHE

Eh non ! le PN n'est pas un mythe et en disant cela j'ai l'air de contredire un de mes précédents posts.
Pourtant il n'en est rien.
Ce blog loin d'être un état des lieux de nos connaissances sur le sujet est juste un témoignage, un enchainement des raisonnements, des émotions qui m'ont accompagnée pendant tout ce temps et aidée à petit à petit sortir de l'engrenage (mes prises de conscience, mes pas en arrière, mes peurs, mes faiblesses)

Prétendre que cela en était un (ou du moins me poser la question en ces termes) faisait partie du cheminement, de ma volonté de ne pas rentrer dans un processus de victimisation.
C'est aussi cela le chemin de la reconquête de l'estime de soi; me remettre en question, affronter mes torts et mes propres névroses.

Aujourd'hui je peux regarder la monstruosité en face, en ayant éffectué tout le travail sur moi-même qu'il m'était nécessaire de faire.
OUI j'ai rencontré un "monstre", un homme pourtant. OUI VOUS avez rencontré un "monstre",un homme ou une femme, un être vide, sans empathie aucune pour la souffrance ou le bonheur des autres.
OUI j'ai vécu cette expérience qui envoit aux portes de la folie.
OUI vous avez vous aussi fait ce voyage.
OUI ce mode de fonctionnement existe et comme me l'a rappellé l'une de vous dans un mail aujourd'hui même, cela ne remet pas en cause l'humanité mais mes ideaux, nos idéaux.

Je me permet de la citer :

"ça ne remet pas en question la notion d'humanité, ça remet en question nos idéaux. on est bien obligé d'accepter la part d'ombre de l'humanité. l'extermination nazie correspond-elle à notre vision de l'humanité, à nos valeurs? non et pourtant, c'est arrivé. ce ne sont pas des "monstres" mais des hommes, qui ont fait subir cela à d'autres hommes. et malheureusement, des massacres arrivent encore de nos jours, des crimes horribles aussi. tout comme des pervers narcissiques continuent d'agir en toute impunité. "


Même si ces mots me "font peur" et que "mes (nos) petites misères" de couples m'apparaissent bien ridicules à côtés des massacres et génocides perpétués hier et aujourd'hui (et demain!), je ne peux qu'admettre ma frilosité à affronter la réalité: "la part d'ombre de l'humanité", la nôtre, celle de nos "semblables" en apparence, celle de ceux que nous avons aimé.

Merci de me l'avoir rappelé